Les conférenciers

Séminaire n°2 - Modes de vie et transformations de l'environnement : faire face aux maladies de sociétés

Thierry Baron, DR ANSES, chef de l’unité de l’Unité Maladies Neurodégénératives de Lyon et responsable du laboratoire National de Référence sur les maladies à prion des ruminants est un neuropathologiste travaillant sur les maladies impliquant un mauvais repliement des protéines. Après des années de recherches sur les maladies animales à prions, il dirige actuellement des études sur la maladie de Parkinson, en se concentrant sur les mécanismes de propagation des lésions de type "prion" et sur le rôle causal des pesticides dans la neurodégénérescence.

Impact des facteurs environnementaux et du mode de vie sur les maladies neuro-dégénératives : exemple de la maladie de Parkinson Les maladies neuro-dégénératives humaines, comme la maladie d’Alzheimer et de Parkinson, sont caractérisées par l’agrégation de différentes protéines selon leur forme clinique. La progression des lésions chez les patients implique des mécanismes qui ressemble à ceux des maladies à prion, comme la maladie de la « vache folle » ou chez l’homme la maladie de Creutzfeldt-Jakob, des maladies transmissibles.  Dans la plupart des cas, ces maladies sont considérées comme « sporadiques », et leur étiologie est inconnue. Dans certaines régions du globe, des clusters de « parkinsonisme », de formes cliniques variables, ont été décrits. Les recherches sur l’origine de ces clusters éclairent de façon très intéressante les questionnements fondamentaux sur l’origine des maladies neuro-dégénératives. La maladie de Parkinson elle-même, seconde maladie neuro-dégénérative par ordre de fréquence, constitue un exemple emblématique qui permet d’illustrer les interactions complexes entre la susceptibilité de l’hôte et les facteurs environnementaux multiples qui peuvent favoriser ou au contraire limiter l’apparition de la maladie lors du vieillissement.

Gwenola LE NAOUR, maîtresse de conférences en science politique, habilitée à diriger des recherches à Sciences Po Lyon et au laboratoire Triangle. Elle a co-dirigé avec Renaud Bécot Vivre et lutter dans un monde toxique paru en 2023 aux Editions du Seuil. Elle a également co-dirigé avec Sébastien Gardon, Amandine Gautier et Serge Morand Sortir des crises : One Health en pratiques aux éditions Quae paru en 2022. Ses recherches portent sur les mobilisations et l’action publique de lutte contre les maladies professionnelles et industrielles.

Vivre et lutter dans un monde pollué A partir de recherches sur le sud de Lyon et de l’ouvrage Vivre et lutter dans un monde toxique (co-dirigé avec Renaud Bécot et paru aux Seuil en septembre 2023), cette intervention propose une histoire des pollutions et des mobilisations pour la santé, à l’échelle internationale, dans des territoires sacrifiés à la transformation des hydrocarbures. Des sources nouvelles –enquêtes et luttes des travailleurs et des riverains– éclairent les dégâts environnementaux et sanitaires et les luttes pour la santé environnementale dans les territoires pétroliers au xxe siècle, du Japon au Canada, en passant par l’Italie, la France et les Etats-Unis. Les plaintes des populations qui vivent dans ces zones industrielles sont systématiquement disqualifiées car perçues comme non scientifiques. Cependant, elles parviennent à mobiliser et à produire des savoirs leur permettant de contester les stratégies entrepreneuriales menaçant leurs lieux de vie.

Nicolas Lechopier Maître de conférences à la Faculté de Médecine Lyon Est et membre de l’unité Sciences et Société ; Historicité, Education et Pratiques [S2HEP], Nicolas lechopier est un philosophe qui s’intéresse à l’épistémologie et l’éthique de la santé publique autour des questions de prévention, de promotion de la santé et des approches participatives. Il s’intéresse également aux liens entre sciences et sociétés sur l’éthique de la recherche et les enjeux autour des données. Enfin, il travaille sur la pédagogie médicale (patients formateurs, humanités médicales).

Nicolas Lechopier animera les temps de discussion entre le public et les conférenciers.

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Séminaire n°1 - Les empreintes écologiques de la recherche

Claire Harpet Docteure en anthropologie, ingénieure de recherche à l’Université́ Jean Moulin Lyon 3, membre du laboratoire Environnement, ville, société́ (UMR EVS), et de la Chaire « Valeurs du soin ». Elle est aussi membre du conseil scientifique du Joint Programming Initiative on Antimicrobial Resistance (JPIAMR) et membre titulaire du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Aurore Toulou Ingénieure en génie civil et urbanisme, et actuellement en thèse au laboratoire CETHIL (Centre d’Energétique et de Thermique de Lyon). Son sujet de thèse étudie les espaces verts en ville avec une approche interdisciplinaire (ingénierie – anthropologie – écologie) qui mobilise le concept One Health.

Le concept « One Health » : Rôle et implication des Sciences Humaines et Sociales - une opportunité interdisciplinaire Le concept One Health est né d'une prise de conscience, à la suite de crises zoonotiques successives, de l'interdépendance de la santé humaine avec la santé du vivant et des écosystèmes. Ces crises provoquées par la transmission de pathogènes entre animaux et humains, sont étroitement liées aux activités anthropiques et confirment la nécessité de la prise en compte des déterminants sociaux pour en comprendre les effets et rechercher des solutions pérennes et holistiques. Les Sciences Humaines et Sociales ont un rôle à jouer dans ce processus d’accompagnement. Nous dresserons un tableau synthétique des diverses implications SHS dans ce domaine, avant de présenter un exemple de projet innovant interdisciplinaire (ingénierie – anthropologie – écologie) en métropole lyonnaise.

Pablo Jensen Physicien français né à La Plata en Argentine, spécialiste en « modélisation des nanostructures » et vulgarisateur. Il a rédigé de nombreux articles et des livres de vulgarisation des sciences. Il a par exemple publié en 2001 "Des atomes dans mon café crème", un ouvrage sur la physique du solide et "Pourquoi la société ne se laisse pas mettre en équation ?", paru le 15 mars 2018, un livre sur les systèmes complexes. En 2005, il devient directeur de recherche au CNRS2. Entre 2007 et 2014, il a dirigé l'institut rhônalpin des systèmes complexes (École normale supérieure de Lyon). Il a contribué à la création du groupe Transition écologique à l’ENS de Lyon où il est maintenant chargé de mission pour la transition écologique.

Quelles sciences terrestres ? A travers cette présentation, sera fait état de quelques exemples récents d'engagements de chercheurs face aux basculements planétaires. Quelles pistes pour un futur souhaitable pour des sciences devenues terrestres ?

Yves Gingras  Après une thèse sur les équations de Maxwell en 1979, il découvre que son intérêt porte plutôt sur l'histoire et la sociopolitique des sciences et se tourne vers l'Université de Montréal d'où il obtient un doctorat en 1984. Après un post-doc à l'université Harvard, il est recruté comme professeur de sociologie à l'Université du Québec à Montréal en 1986, puis au département d'histoire en 1991. Depuis, il est professeur d'histoire et de sociologie à l'Université du Québec à Montréal où il a contribué à la fondation de l'observatoire des sciences et des technologies en 1976. Chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie, dont il est directeur de 2001 à 2004, Yves Gingras est ensuite titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences de 2005 à 2018. Il est membre de la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire, mise sur pied en 2021.

Les transformations des rapports entre science et société. On considère souvent qu’un premier « contrat social de la science » est incarné dans le rapport américain de 1945 intitulé « Science : the endless frontier ». Un demi-siècle plus tard, l’union européenne publiait un rapport « Society : the Endless frontier » en 1998. Outre l’usage curieux d’une métaphore typiquement américaine, ce rapport européen signale une inversion des rapports entre science et société et signe un nouveau contrat social. Mon exposé focalisera sur les conséquences sur la dynamique de production des sciences de cette priorité accordée à la « société » et à ses « besoins ».

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